mardi 14 avril 2009

De l'utilité des blogs




Noir de lune de Alice Sebold, NIL éditions,septembre 2008, 333p. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Odile Demange

Punie pour n'avoir pas lu à temps un certain blog.
.

Voilà bien longtemps qu'un livre n'avait pas provoqué en moi une telle colère due à une déception plus grande encore!

Si j'avais lu l'excellent résumé, détaillé, honnête et sincère qu'a fait Katell
(Chatperlipopette)
du livre que je viens de terminer, c'est probable que je n'aurais pas choisi celui-ci à la bibliothèque, sur la table des nouveautés.

Mais voilà, je n'avais que la quatrième de couverture qui une fois de plus m'a embobinée. Il faut dire que je suis une proie des plus faciles, qui n'attend que ça: être séduite par ses lectures! Et la couverture offrait cette citation: "Tout compte fait je n'ai pas eu de mal à tuer ma mère" puis affirmait: "Le suspense est intolérable: on ne lâche pas "Noir de Lune" avant le tout dernier paragraphe".

Que voulez-vous ? J'ai cédé à cette invitation pourtant si grossièrement racoleuse!

Je suis d'autant plus déçue que j'ai bien aimé les 3/4 de l'histoire jusqu'à ce fameux dernier chapitre justement que j'ai reçu comme une gifle, comme si l'auteure me laissait tomber et me disait: "Débrouille-toi avec tout ça maintenant et imagine
la suite!" J'ai horreur de ça! Comme si l'on m'abandonnait en plein désert!

Bon, de quoi s'agit-il?

De l'histoire familiale tragique d'une matricide qui raconte les vingt-quatre heures qui ont suivi son crime : elle vient d'étouffer sa mère qu'elle adore et déteste à la fois. celle-ci est un ancien mannequin très belle mais agoraphobe et méchante qui a malmené toute sa vie son mari et sa fille. Son mari s'est suicidé et sa fille est devenue sa meurtrière.

Ainsi s'ouvre le récit, par cette violence, ensuite on apprend à mieux comprendre Helen,la fille meurtière et on s'y attache. on suit son errance dans son quartier , au milieu de ses voisins trop curieux et indifférents à la fois, dans ses souvenirs,
dans ses incertitudes pour le présent. On se demande sans cesse comment finira cette sombre histoire, si la narratrice s'en sortira par une volte-face du récit qui ferait apparaître le vrai meurtrier par exemple (je l'espérais!) ou tout simplement
si elle se laissera glisser dans la folie!

Pour être honnête et contrebalancer ce jugement négatif sur un auteur que je ne connaissais pas mais qui a déjà écrit deux autres livres, en particulier "La Nostalgie de l'ange" dont on tourne un film en ce moment, voici ce qu'en dit le
"Philadelphia Enquirer":

"Sebold pourrait bien être une héritière authentique d'Edgar Poe, qui ose écrire sur la banalité de la violence, et décrire comment celle-ci voisine avec la normalité, en face de chez nous, noyée dans la brume."

C'est flatteur mais j'ai déjà ouvert un autre livre!

samedi 11 avril 2009

Le Bal du Comte d'Orgel de Raymond Radiguet




Chaque année,la saison d'hiver à Paris s' ouvre par le bal costumé que donnent le Comte d'Orgel et sa jeune femme Mahaut dans leur hôtel particulier de la rue de l'Université. C'est le rendez-vous du Tout-Paris qu'aucun mondain ne voudrait manquer. Cependant cette année 1920 est particulière pour le couple car un nouvel ami, François de Séryeuse, est venu se glisser entre les deux. Ils forment désormais le trio classique du mari âgé, de la femme sage et sérieuse et du jeune amoureux mais ce n'est qu'à la veille du bal que Mahaut ose enfin s'avouer à elle-même qu'elle aime François. Désespérée, elle veut alors l'éloigner d'elle et , comme il refuse, elle utilise les grands moyens et avoue son amour coupable aux deux seules personnes qui pourraient lui servir de remparts: la mère du jeune homme d'abord et son mari ensuite. Dès lors se pose la grande question: le bal peut-il avoir lieu? Comment le Comte réagira-t-il?

Certains , pour faire court, ont résumé ce récit en disant que c'était une version moderne de l'aveu de "La Princesse de Clèves", actuelle référence présidentielle par excellence!!!

Pour ma part, je vais tâcher d'oublier que c'est un chef d'oeuvre classique du XXème siècle, que l'auteur est mort à 20 ans , en 1923,un an avant la publication de son livre, que c'est donc une oeuvre posthume, que cet auteur était un jeune bohème de bonne famille fréquentant aussi bien Picasso et Modigliani , que Milhaud, Auric, Poulenc et Honegger ,dans les cafés de Montmartre et de Montparnasse, que c'était l'ami de Cocteau qui le poussa à écrire et que ses récits furent encensés par Max Jacob et Valéry,à défaut de l'être par la critique et le public qui criaient au scandale., lui reprochant en particulier d'avoir osé évoquer dans "Le Diable au Corps", en pleine guerre 14/18, un amour adultère entre un jeune lycéen et la femme d'un soldat.

Je me dis, au contraire, qu'il s'agit du tout dernier livre venant de paraître et que je n'ai pas encore d'à priori à son sujet. Il a l'avantage d'être court, 125 pages en Librio.L'écriture classique séduit d'emblée mais le titre n'est-il pas un peu démodé? Les bals et les Comtes sont-ils encore d'actualité? Des bals costumés qui ouvrent la saison d'hiver et qui font courir le Tout-Paris? Je traduis par "Soirée branchée de stars people"

La mode... en être ou pas?...Telle est la première préoccupation du jeune Radiguet dès les premières lignes, quand il se demande si on comprendra bien son héroïne, Mahaut d'Orgel,la femme du Comte. Voici les premières phrases:

"Les mouvements d'un coeur comme celui de la comtesse d'Orgel sont-ils surannés? Un tel mélange du devoir et de la mollesse semblera peut-être de nos jours incroyable, même chez une personne de race et une créole. Ne serait-ce pas plutôt que l'attention se détourne de la pureté, sous prétexte qu'elle offre moins de saveur que de désordre?
Mais les manoeuvres inconscientes d'une âme pure sont encore plus singulières que les combinaisons du vice. C'est ce que nous répondrons aux femmes, qui,les unes, trouveront Mme d'Orgel trop honnête, et les autres trop facile."


A la pointe de la mode parisienne,le récit devait certes l'être lors de sa parution en 1924! Tout le contexte des années folles d'après-guerre s'y retrouve en toile de fond: le cirque Médrano et les Fratellini, le dancing de Robinson, le charleston, le défilé d'automobiles, le train de banlieue retour du théâtre la nuit, le déjeuner sous la tonnelle des bords de Marne...les fêtes , les dîners, les visites, les folies...

Mais ce que j'ai préféré, et de loin, c'est l'aspect classique, très maîtrisé de l'écriture. C'est vraiment ce qui m'a le plus éblouie et que je retiendrai surtout.

Quelques phrases que j'ai admirées:

"On peut dire que les idées de François sur l'amour étaient toutes faites. Mais parce que c'est lui qui les avait faites, il les croyait sur mesure. Il ne savait pas qu'il ne se les était coupées que sur des sentiments sans vigueur. "

"Nous sommes attirés par qui nous flatte, de quelque façon que ce soit. Or François admirait le comte. Son admiration allait avant tout à l'homme capable d'être aimé d'une Mahaut. En retour, Orgel éprouvait sans le savoir, pour François, un peu de cette reconnaissance que l'on éprouve envers qui nous porte envie. "

"Le comte d'Orgel naissait à un sentiment nouveau. Il avait toujours évité l'amour comme une chose trop exclusive. Pour aimer il faut du loisir, et les frivolités l'accaparaient. Mais la passion s'insinua en lui si habilement qu'il y put à peine prendre garde. cette nouveauté datait du jour où Mahaut assise sur la banquette du garde-feu parlait avec François de Séryeuse. Ce jour-là son mari l'avait convoitée comme si elle n'eût pas été sa femme. "


"Nous l'avons dit, Mahaut était de ces femmes qui ne sauraient faire de l'agitation leur pain quotidien. Peut-être même la principale raison de la vertu de ses aïeules résidait-elle dans leur crainte de l'amour qui ôte le calme."

"En proie à une véritable surprise, le comte d'Orgel se taisait. Car il n'était habile à exprimer que ce qu'il n'éprouvait pas."

"Mme d'Orgel apprenait la jalousie. Est-ce bien un sentiment légitime le jour même où une femme décide de sacrifier son amour à l'honneur?""Ayant eu le temps de s'habituer à l'idée qu'elle aimait François, elle se rendait mal compte de ce qu'une révélation pareille pouvait produire. Ce fut ce qui lui permit de parler net. A cause de cette netteté, de cette sécheresse, le comte d'Orgel ne comprit pas.Elle s'en aperçut, s'affola. On est malhabile en face d'un incrédule. Devant l'incompréhension de son mari, la comtesse, qui s'était promis de s'accuser seule, éclata. Et parce qu'elle renforçait son aveu de griefs qu'Anne jugea chimériques, l'aveu, comme le reste, apparut faux à son mari. "

"On sait qu'il était dans le caractère du comte d'Orgel de ne percevoir la réalité que de ce qui se passait en public. "


Dernière phrase: "Et maintenant, Mahaut, dormez, je le veux!"

jeudi 9 avril 2009

Où on va papa? de Jean-Louis Fournier



Où on va papa? de Jean-Louis Fournier
Stock, sept 2008, 155 p.

En choisissant ce livre, je savais qu'il s'agissait d'un sujet très sensible : deux enfants handicapés dans la même famille, et que j'allais être émue: je l'ai été. Ce livre n'est cependant pas dénué d'humour et le style n'est pas du tout larmoyant. Je l'ai lu d'un trait en moins de deux heures et je ne suis pas prête de l'oublier! C'est un livre difficile à résumer. Il faut laisser parler l'auteur, le père des enfants. Voici les dernières phrases.

"Je ne sais plus bien qui je suis , je ne sais plus très bien où j'en suis, je ne sais plus mon âge. je crois toujours avoir trente ans et je me moque de tout. J'ai l'impression d'être embarqué dans une grande farce, je ne suis pas sérieux, je ne prends rien au sérieux. Je continue à dire des bêtises et à en écrire. Ma route se termine en impasse, ma vie finit en cul-de-sac."

lundi 6 avril 2009

Tracy Chevalier: La jeune fille à la perle










"La jeune fille à la perle" de Tracy Chevalier (Quai Voltaire, /La table ronde, 1999,271 p., traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek)

Je n'aime pas beaucoup les récits historiques d'habitude mais celui-ci en est-il vraiment un?

Delft, 1664. Le peintre Johannes Vermeer et sa femme Catharina, constamment enceinte, ont choisi Griet comme servante, une jeune fille de 17 ans dont le père, peintre sur faïence devenu aveugle ,ne peut plus travailler. Dès leur rencontre, le peintre s'intéresse au talent de coloriste que semble avoir la jeune fille. Pour faire la soupe, elle a rassemblé les légumes sur la table selon leurs couleurs. Il l'interroge sur ses intentions, ce qui agace profondément sa femme déjà jalouse de l'attention qu'il lui porte.

Par la suite ,Griet deviendra la typique servante bonne à tout faire d'autrefois, livrée à toutes les volontés de ses maîtres et que personne ne peut défendre. Elle passe son temps à faire toutes les basses besognes de la lessive et du ménage jusqu'au jour où le peintre,conscient de ses talents,lui confie la préparation de ses couleurs. Cette distinction, naturellement l'isole encore plus, accroissant l'envie et la jalousie des uns et des autres autour d'elle.

Griet, elle, est heureuse ainsi: enfin , le peintre travaille davantage et finit plus vite les tableaux commencés, ce qui apporte l'argent si nécessaire à cette famille très endettée! Un jour, de manière inattendue, il va même faire poser en secret la jeune fille pour en faire le portrait. Quand celui-ci semble terminé, il n'est cependant pas satisfait. Il manque un détail pour le rendre parfait. Griet sait très bien ce dont il s'agit mais évite de le lui dire pour ne pas déclencher la colère jalouse de sa femme.

Que choisira Vermeer lorsqu'il découvrira enfin la petite touche de couleur qui manque à son tableau? Entre Griet et son art hésitera-t-il seulement un instant?

La présence de la perle dans le tableau prouve la lâcheté du peintre mais aussi son génie. Toute la suite du roman découle de ce bijou. L'art l'emporte sur l'amour platonique qui semble avoir existé entre le peintre et sa servante. Rien n'est exprimé, tout est imaginé, supposé, inventé peut-être.

Vermeer et les autres personnages du récit sont peu sympathiques. Seule la jeune fille est attachante. C'est d'ailleurs essentiellement la renommée du peintre et la perfection de ses tableaux qui magnifient cette humble histoire et qui la rendent si intéressante.
Maintenant il me reste à voir le film.

jeudi 2 avril 2009

"Petits poisons" de Stanislas Merhar



"Petits poisons" de Stanislas Merhar, (Fayard, 2008, 136 p.)

C'est un tout petit livre comme j'aime en lire après un très gros volume, mais c'est un livre très émouvant. Une belle surprise! Sans prétention! Ce n'est pas un roman, ni un journal intime, peut-être une autobiographie, mais alors très brève et légère, comme on peut en écrire à 37 ans, L'auteur est acteur. C'est la couverture qui me l'apprend. Il a reçu le César du meilleur espoir masculin en 1998. Il a aussi été pianiste et doreur sur bois.Il peint, il écrit, c'est un artiste!

C'est aussi un amoureux...malheureux! Il aime des bretonnes qui s'en vont ... et le quittent." Petit Poison" est d'ailleurs le surnom de la dernière, mais des petits poisons qui le minent, il en a plein d'autres.

Il est surtout et avant tout, fils de son père, suicidé, et toujours et encore remémoré,fils de sa mère avec qui il vit et dont il contrôle la respiration chaque nuit, désespéré à l'idée de pouvoir la perdre aussi.

Le récit est ainsi, écrit par petites touches pudiques, avec des phrases très courtes . C'est comme un chant triste et mélancolique. Une petite musique nostalgique des jours enfuis. Un joli livre!

"Les âmes vagabondes" de Stephenie Meyer

Mélanie, Vagabonde, Jared, Ian.



"Les âmes vagabondes " de Stephenie Meyer, (JC Lattès, 2008,617 p.,traduit de l'anglais par Dominique Defert)J'ai tellement aimé ce livre que j'ai préféré en différer le commentaire! J'ai laissé passer une semaine: : j'aurais été trop ridiculement dithyrambique! J'ai lu de nouveaux livres depuis mais je n'ai rien oublié et je reste aussi enthousiaste que lorsque je l'ai refermé.

C'est mon premier livre de stephenie Meyer. ce ne sera sûrement pas le dernier et je suis bien partie pour les lire tous!

J'ai apprécié tout autant les histoires d'amour que l'aspect science-fiction légère du récit.La terre est conquise par les âmes vagabondes , une espèce de vers mille-pattes qui se glissent dans les corps pour en prendre le contrôle. Quelques humains authentiques résistent encore et se cachent dans des grottes C'est là que se déroule l'essentiel de l'histoire.

La jeune Mélanie a été envahie par une âme exceptionnelle nommée "vagabonde" . Elle réussit à lui résister et à sauver son esprit , ses sentiments, ses souvenirs et surtout son amour pour Jared et pour son petit frère Jamie.

Elles sont donc deux dans le même corps. Vagabonde est bouleversée par l'ampleur des sentiments humains et la vigueur de l'amour entre Mélanie et Jared. Elle éprouve vite elle aussi ces sentiments d'amour et prendra partie pour les hommes contre son propre camp.

C'est surtout la deuxième partie du roman que j'ai aimée. La fin surtout! J'étais impatiente de connaître cette fin . Je ne la devinais pas du tout et par moments je me sentais plus "Vagabonde" que moi-même.

Peut-être parce que je ne suis plus adolescente, je me suis sentie plus proche de l'âme vagabonde que de Mélanie. J'ai préféré Ian à Jared à la fin. Il est plus mûr, plus sûr, plus dévoué, plus désintéressé, plus amoureux peut-être...mais moins romantique évidemment!

Ce que j'ai aussi beaucoup apprécié, c'est l'ampleur de la fiction. Plus philosophique que scientifique. Pas d'objets futuristes, pas de pouvoirs magiques extravagants, juste cette possibilité d'entrer dans l'âme d'une personne et d'y vivre à deux!

A part la traqueuse, sorte d'âme détective à la poursuite de la vagabonde, les envahisseurs se montrent infiniment positifs, pacifiques, paisibles et raisonnables, face aux rebelles humains, nerveux, colériques , jaloux, criminels, mesquins. De vrais anges face à de petits démons. Mais les démons aiment et souffrent violemment. Ils se débattent de toutes leurs forces pour leur survie et leur liberté et c'est ce qui les rend si attachants!

Les êtres angéliques, eux, ne font pas de bons romans!

J'ai aimé ces personnages. Je me suis attachée à leur sort. La fin m'a surprise et comblée. J'aime Vagabonde!


Cuné,Clarabel,Alwenn,Pimprenelle,Jess,Ankya et bien d'autres sûrement ont aimé et commenté ce livre.

H.S: Malgrè moi,les commentaires ne sont plus proposés sur ce post, je me demande bien pourquoi mais ils fonctionnent encore sur les autres billets. Bizarre , bizarre!
Les commentaires peuvent donc se laisser sur le billet du même jour: "Petits poisons"! Merci.