mercredi 28 janvier 2009

"Le désespoir des singes" de Françoise HARDY

Le Désespoir des Singes …et autres bagatelles de Françoise HARDY
(Robert Laffont, 2008, 390 pages)
J’ai beaucoup aimé !
Tout d’abord j’ai eu du mal à trouver le livre en librairie pour un achat de Noël ; il était toujours en réimpression. Ensuite, j’ai aimé sa présentation : la photo de couverture, et celles qui ponctuent en deux parties la lecture ainsi que les photocopies des lettres manuscrites des dernières pages, celles de Montand, Prévert, Gainsbourg, Modiano, Berger, Nougaro, Stockausen, Aury et Mireille.
Enfin et surtout, j’ai apprécié, outre le style lui-même, soigné et concis, la répartition en paragraphes courts et réguliers des différentes étapes de sa vie. La lecture en est très aisée et j’ai fini ce gros livre en très peu de temps. A la fin, je regrettais qu’il soit si court !
De Françoise Hardy, chanteuse, je garde surtout des souvenirs liés à ma propre vie. Sa découverte à la télévision avec sa chanson fétiche, Tous les garçons et les filles (Je l’ai trouvée si jolie !) coïncidait avec celle des longues descentes à ski des sœurs Goitschel en noir et blanc. Puis je l’ai admirée régulièrement dans ses apparitions télé assez rares. On parlait peu d’elle dans les médias. On savait qu’elle était avec Jacques Dutronc, devenu plus acteur que chanteur, qu’ils avaient une maison en Corse, qu’elle s’occupait d’astrologie et finalement que son fils Thomas était devenu un guitariste et un chanteur très estimé.
Après lecture de son livre, je sais que c’est une femme intelligente, sensible, solitaire, curieuse de spiritualité, courageuse face à la maladie, sans doute mère poule, fragile et passionnée. Je l’aime beaucoup. Sa lucidité et sa sincérité m’impressionnent. Ses rapports familiaux douloureux, sa culpabilité envers sa sœur, sa violence exigeante aussi humanisent l’icône médiatique qu’elle demeure.
Sa vie fut riche en passions diverses. Ses dernières phrases se veulent apaisées :
« Le printemps que j’attends toute l’année passe de plus en plus vite et mon cœur se serre en pensant au peu de fois qu’il me reste à voir refleurir les lilas, quand bien même je veux croire que leur beauté, comme toute forme de beauté, nous donne un aperçu de l’au-delà.(…) Quand je ne suis pas trop fatiguée et que le temps le permet, je vais me promener au parc de Bagatelle. (…) J’y ai repéré quatre arbres dont je me suis arbitrairement instituée l’amie. (…) Je vais régulièrement les saluer et les complimenter. S’il n’y a personne en vue, j’entoure de mes bras, l’un après l’autre, le tronc puissant de chacun des deux hêtres , pour qu’il me donne un peu de son énergie si c’est en son pouvoir, et je le remercie en partant.
Mais mon arbre préféré se tient discrètement à l’écart et ne ressemble à aucun autre. (…) Il s’appelle le « désespoir des singes ».
Bien sûr, c’est un succès facile et assuré puisque très médiatisé, bien sûr la notoriété de chanteuse connue aide la vente du livre mais je ne regrette pas cet achat. Les bibliothèques, la mienne du moins, ne l’achèteront pas facilement et bientôt on ne le trouvera plus en vente. . La gloire de ces autobiographies est très éphémère.
Mais sans être une groupie, je suis une lectrice compulsive et je ne boude jamais mon plaisir littéraire, quel qu’il soit.
Je n’y peux rien : j’aime ce genre des confessions intimes. Alors, demain, je vais me précipiter sur le dernier journal de Pascal Sevran : comment s’appelle-t-il déjà ? Il est peut-être déjà paru ?
J’y cours ! On ne se refait pas !

lundi 26 janvier 2009

"Le rouge du péché" de Elizabeth GEORGE



Le « Rouge du Péché » de Elizabeth GEORGE (Presses de la Cité) sept 2008, 522 pages. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anouk NEUHOFF
C’est un gros livre. J’aime bien les gros livres - et les romans policiers - et Elizabeth George en général. J’aime son classique duo de policiers : l’inspecteur Thomas Lynley , comte anglais, beau, élégant, riche, bon, l’homme idéal, quoi, et le sergent Barbara Havers, banlieusarde célibataire à vie, mal fringuée mais très dévouée et efficace.
Ici, au début, l’inspecteur est K.O. anéanti, Il erre, seul et sale, le long des côtes de Cornouailles, sans but, sans envie : sa femme vient d’être assassinée. Il a tout laissé tomber de sa vie antérieure et principalement son métier. Il recherche le vide, l’anéantissement. Il est proche du suicide. C’est alors qu’il tombe soudain sur le corps d’un jeune escaladeur mort au pied d’une falaise et c’est là que l’enquête commence et où l’homme en perdition rejoint la civilisation, soit une petite station balnéaire où l’on aime pratiquer le surf.
J’ai beaucoup aimé le début de l’histoire. Tout est en place pour un bon policier comme je les aime : rythmé et palpitant. Les personnages sont attachants. Ils ont tous leurs faiblesses. Aucun n’est vraiment mauvais.
Le titre : Le rouge du péché évoque les sentiments de honte, de remords, de punition qui animent les habitants du village. Leur passé les poursuit : paternité obsessionnelle et amour maternel défaillant. Tout le monde souffre car tout le monde s’aime et tout le monde se déteste tour à tour.
Le milieu de l’action est celui du surf, aussi bien des sportifs que des fabricants de planches et c’est intéressant !
Mais vers la moitié du livre j’ai commencé à m’ennuyer. Le récit traînait, les personnages ne me surprenaient plus, sauf la mère nymphomane si pitoyable.
Mon plaisir de lectrice reste donc mitigé.
En exergue :
« Si en vérité tu es mon père, alors tu as souillé ton épée dans le sang de ton fils. Et tu l’as fait par ta propre obstination. Car j’ai cherché à te transformer en amour. » (extrait du Shahnameh)
1ères phrases :
« Il trouva le corps le quarante-troisième jour de sa randonnée. C’était alors la fin avril mais il n’en avait qu’une très vague idée ».

samedi 17 janvier 2009

Mon choix est fait!




Etant donné que c'est le challenge de Grominou qui a décidé en partie l' ouverture de ce blog et après avoir proposé à mon tour mes 10 titres favoris,ce serait bien le comble si je n'y participais pas.


Voici donc mon choix:

1) Tracy CHEVALIER : La jeune fille à la perle

2) Duong Thu-Huong : Terre des Oublis

3) Donna TARTT : Le Maître des Illusions

4) Diane SETTERFIELD : Le Treizième Conte

et si nécessaire:

5) Murakami HARUKI : Kafka sur le rivage

mardi 13 janvier 2009

Bernard SCHLINK: Le Liseur





Lundi 12 janvier 2009-01-12
Bernard SCHLINK : Le liseur (Roman, Gallimard, 1996, 202 pages)
Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary.
Conseillé depuis longtemps, ce livre, lu en deux jours, je l’ai beaucoup aimé
A 15 ans, un jeune Allemand devient l’amant d’une voisine de 35 ans, contrôleuse de bus. Il doit lui faire la lecture d’un roman à chaque visite. Un jour, elle disparaît. Il la retrouve 7 ans plus tard lors d’un procès où elle est condamnée à perpétuité pour avoir été surveillante à Auschwitz. Il la reverra encore, à sa sortie de prison, après 18 années pendant lesquelles il lui a enregistré régulièrement des cassettes audio de livres : il avait enfin découvert son grand secret.
Trois grands moments regroupent les chapitres : Amour / Lecture, Passé/Procès, Prison/Lectures nouvelles.
La détresse d’un parcours individuel démuni de l’outil essentiel pour l’accès à la culture se heurte ici au destin d’une génération avec, en fond de tableau, l’horreur et la honte pour héritage .
…Quelques phrases du dernier chapitre :
«
D’abord, je voulus écrire notre histoire pour m’en débarrasser. Mais dans ce but, les souvenirs ne sont pas venus au rendez-vous. Ensuite, je me suis avisé que notre histoire était en train de m’échapper, et j’ai voulu la rattraper par l’écriture, mais cela non plus n’a pas appâté la mémoire. Depuis quelques années, je laisse notre histoire tranquille. J’ai fait la paix avec elle. Et elle est revenue, détail après détail, et avec une espèce de plénitude, de cohérence et d’orientation qui fait qu’elle ne me rend plus triste (…) Non que je pense aujourd’hui que ce soit une histoire heureuse. Mais je pense qu’elle est exacte, et qu’à côté de cela la question de savoir si elle est triste ou heureuse n’a aucune importance. »

dimanche 11 janvier 2009

Henry BAUCHAU: "Le Boulevard périphérique"




A 95 ans, l'auteur publie ce livre où il raconte les longs et nombreux trajets en voiture, bus ou métro pour rendre visite à sa belle fille hospitalisée pour cancer à l'autre bout du périphérique. Ces déplacements rythment ses réflexions. Il en profite pour repenser à un ami défunt qui eut sur sa vie une importance capitale. Les morts passées et futures se mêlent ainsi dans un présent fragile et mobile.

J'ai beaucoup aimé, surtout les visites à sa belle-fille, chaque jour, avant 14 heures.
Son ami de jeunesse , lui, qui l'a initié aux escalades en montagne et qui l'aimait en secret, est mort en Résistant, à la fin de la guerre, victime de la haine d'un officier nazi.

Entre le présent et le passé, la vie et la mort, il y a l'espérance... l'héroïsme routinier

C'est très facile à lire. Vu le sujet, je craignais le pessimisme d'un trop plein de malheur, mais non. Tout est noté au plus près du quotidien de tous les personnages.
C'est juste , vrai , royalement écrit.

mardi 6 janvier 2009

Kyoto de Yasunari Kawabata




KYOTO
de Yasunari KAWABATA.

C'est l'histoire de jumelles séparées dès l'enfance et qui se retrouvent par hasard 20 ans plus tard, mais comme elles appartiennent désormais à des milieux différents, elles décident de ne plus se revoir. Ce pourrait être tragique , d'autant plus que l'une , en réalité, a été volée , mais c'est au contraire très tendre et très beau.

A Kyoto on ne cesse de célébrer les événements de la nature qui rythment la vie des habitants; visite des arbres en fleurs,les cerisiers de Gion, fête des coupeurs de bambous...
Le récit se termine un matin de neige très calmement: la neige atténuerait-elle momentanément le chagrin?
" Chieko, agrippée à la porte ocre de la claire-voie, la suivit longtemps du regard. Naeko ne se retourna pas. Sur les cheveux de Chieko tomba, légère, un peu de neige qui aussitôt disparut. La ville , évidemment, baignait encore dans le sommeil." (Traduction de Philippe Pons) (Albin Michel)

L'auteur Yasunari Kawabata, (1899-1972) a été le premier prix Nobel japonais en 1968.Ecrivain majeur du XXe siècle,méconnu en France, il fut l'ami de Mishima, autre grand écrivain japonais mort par seppuku en 1970. Lui-même se suicida par le gaz en 1972 sans aucune explication ni testament.

Il est l'auteur entre autres de "Les belles endormies", et de "Pays de neige", "Le maître ou le tournoi de go", livres parus en livres de poche.

dimanche 4 janvier 2009

"Troublé de l'éveil" ou les nuits mouvementées par Emmanuel Pierrat



"Troublé de l'éveil" Emmanuel PIERRAT

J'ai beaucoup aimé ce livre d'Emmanuel Pierrat paru en août 2008. Tout d'abord, l'auteur m'a bien plu quand il est passé à la télé, je ne sais plus dans quelle émission. Ensuite et surtout parce que , comme lui , je suis une "troublée de l'éveil". Je ne dors que deux ou trois heures par nuit sans être fatiguée et comme lui j'en profite pour vivre une seconde vie: celle qui me plaît vraiment et qui me permet de faire ce qui me plaît: lire ou peindre, avec la musique ou certaines émissions de nuit pour compagnie; je navigue de blog en blog ou je joue à un jeu de cartes en ligne . C'est intéressant , passionnant, excitant! Pierrat, lui , écrit. Il a publié aussi l'an dernier un livre de perles des tribunaux et un autre sur l'art africain. Ses nuits sont pleines de surprises dues à son environnement: Paris, son quartier, son immeuble, ses voisins. Son style est léger, dynamique , mordant. Son livre se lit très facilement.
"Le sommeil est une récompense pour les uns , un supplice pour les autres"
Lautréamont
"Je suis seule, tout le monde dort, et je suis la seule qui veille, qui possède le monde."
Marguerite Duras